Il y a ce futur (ou ces futurs) qui est déduit de la détection et de l’analyse de certaines causes sous la forme de tendances et signaux et qui nous semblent en être logiquement le résultat ou l’effet (de ces causes) et que nous appelons le futur causal. Il y a aussi ce futur que l’on peut imaginé ou généré sans dépendance ou relation causale avec quelques tendances ou signaux que ce soit et que nous appelons le futur anticausal.
Distinction de base
Avant de compléter l’objet de notre article, certaines distinctions sont nécessaires puisque peu ou pas d’écrits existent à ce sujet et qu’il est donc possiblement le fruit d’une façon de voir plutôt atypique.
Wikipedia, on définit le “système causal” comme étant :
L’idée selon laquelle la sortie d’une fonction à un moment donné ne dépend que des valeurs passées et présentes des entrées est définie par la propriété communément appelée causalité*. Un système qui a une certaine dépendance à l’égard des valeurs d’entrée futures (en plus d’une éventuelle dépendance à l’égard des valeurs d’entrée passées ou actuelles) est appelé un système non causal ou acausal, et un système qui dépend uniquement des valeurs d’entrée futures est un système anticausal. Notez que certains auteurs ont défini un système anticausal comme un système qui dépend uniquement des valeurs d’entrée futures et présentes ou, plus simplement, comme un système qui ne dépend pas des valeurs d’entrée passées.
* Ou système causal
Plus loin dans le texte est extrait ce qui suit:
… on entend que la causalité est l’influence par laquelle un événement, un processus, un état ou un objet (une cause) contribue à la production d’un autre événement, processus, état ou objet (un effet) considéré comme sa conséquence. Le principe de causalité s’énonce ainsi : « Tout phénomène a une cause ». Comme l’écrit Spinoza : « D’une cause déterminée résulte nécessairement un effet ; et, inversement, si aucune cause déterminée n’est donnée, il est impossible qu’un effet se produise » Kant, pour sa part, affirme : « Loi de la causalité : Tous les changements arrivent suivant la loi de liaison de la cause et de l’effet ». Cette vision est remise en cause par des phénomènes sans “cause” apparente dans le domaine quantique…
Futur causal et anticausal
Un des obstacles dans l’exécution d’un bon exercice de prospective est cette difficulté de sortir du connu et du causal, donc cette aptitude à pratiquer la discipline intellectuelle alors que la nature inconnaissable du futur nous invite et, au mieux, nous incite à pratiquer l’indiscipline intellectuelle.
Afin de nous aider à s’engager dans cette pratique et en jouant avec la notion de causalité, nous (moi et AUGMNT) avons pensé que la distinction entre le futur causal et anticausal serait utile sinon nécessaire.
Le futur causal est donc le futur déduit, ou qui est l’effet du jeu des tendances et signaux forts et faibles. Afin de mieux affirmer cette distinction et définition, on pourrait aussi dire que le futur ainsi déduit et nommé effet de la cause est une forme de déterminisme puisqu’il est déterminé par les causes. Le futur anticausal, quant à lui, est celui qui est généré sans causalité avec des tendances ou signaux.
Anticausalité et antifragilité
Anticausal = antifragile
Dans un excellent article* de James Derbyshire et George Wright intitulé “Preparing for the future: Development of an ‘antifragile’ methodology that complements scenario planning by omitting causation” (Technological Forecasting & Social Change 82 (2014) 215–225) ces derniers démontrent “que la méthode de planification de scénarios de logique intuitive met l’accent sur le déroulement causal des événements futurs et que cette importance limite sa capacité à aider à la préparation de l’avenir, par exemple en donnant une impression trompeuse quant à l’utilité des « signaux faibles » ou des « alertes précoces ». Nous défendons les avantages d’une méthode alternative qui considère l’incertitude comme provenant de l’indéterminisme. Nous développons et illustrons une approche « antifragile » de la préparation de l’avenir et la présentons comme une méthodologie étape par étape, non déterministe, qui peut être utilisée en remplacement ou en complément de l’approche centrée sur la causalité de la planification de scénarios.”
* Dans leur article, les auteurs font référence à la non-causalité plutôt que l’anticausalité.
En conclusion
Puisque le futur préféré ou désirable est le résultat d’analyse de futurs alternatifs, il est aussi préférable d’augmenter notre congruence dans la pratique de la pensée alternative en “alternant” entre l’articulation d’un futur causal d’une part et du futur anti causal d’autre part.
À votre futur!