Qui n’a pas lu (et suivi) cette exhortation de Wall Street qui promouvoit le choix entre la rentabilité (et/ou la profitabilité) à court terme ou la création de valeur à long terme pour, au final, s’être retrouvé dans un dilemme davantage destructif que constructif. On pourrait citer Boeing en exemple !
La pensée dualiste
La mentalité du Soit/ou (Either/Or) est bien ancrée dans notre esprit occidental hautement formé à la pensée rationnelle et dualiste. Elle fait référence à un biais cognitif ou à un modèle de pensée dans lequel une personne voit les situations en termes binaires, pensant qu’il n’y a que deux options mutuellement exclusives et qu’il faut choisir entre elles. Cela peut conduire à une simplification excessive et à une pensée rigide, ignorant la possibilité de solutions plus nuancées ou complexes.
Par exemple, dans une situation complexe, une personne ayant une mentalité “soit/ou” peut croire qu’il n’y a que deux solutions possibles et que l’une doit être complètement juste tandis que l’autre est complètement fausse.
La pensée dualiste repose donc sur la comparaison, la différenciation et la séparation ; en substance, elle considère le monde comme ceci ou cela. Mais la pensée dualiste n’est pas la seule façon de donner un sens au monde puisque souvent, lorsqu’elle est appliquée à tout, elle nous place dans un dilemme davantage que d’offrir une solution pleinement fonctionnelle.
La pensée dualiste peut être problématique pour plusieurs raisons :
Manque de nuances : de nombreuses situations du monde réel sont multidimensionnelles et nécessitent une approche nuancée. La mentalité « soit/ou » néglige le potentiel de solutions hybrides ou mixtes qui pourraient incorporer des éléments des deux options.
Perspective limitée : elle restreint la réflexion et limite la créativité. Lorsque les gens se focalisent sur seulement deux options, ils risquent de ne pas explorer d’autres possibilités qui pourraient être plus efficaces ou efficientes.
Polarisation : cet état d’esprit peut contribuer à la polarisation et aux conflits dans divers domaines, tels que la politique, la religion ou les relations personnelles. Il encourage les gens à adopter des positions extrêmes et à résister au compromis.
Rigidité : il peut conduire à une inflexibilité dans l’adaptation aux circonstances changeantes. Si une personne est convaincue qu’il n’y a que deux options, elle peut ne pas être ouverte à de nouvelles informations ou à des solutions alternatives.
Stress et anxiété : devoir constamment choisir entre deux options apparemment opposées peut être éprouvant mentalement. Cela peut entraîner une fatigue décisionnelle et augmenter les niveaux de stress.
Opportunités manquées : parfois, la meilleure ligne de conduite peut ne pas être immédiatement évidente. Une mentalité « soit/ou » peut amener quelqu’un à négliger une troisième ou une quatrième option potentiellement bénéfique.
La pensée critique, inclusive
La réalité n’est pas toujours tranchée dans la dualité mais se présente souvent dans sa nature paradoxale, d’où l’importance de développer une mentalité plus inclusive. L’idée n’est pas de rejeter complètement la pensée dualiste mais simplement d’être conscient de ses limites et de comprendre que certains phénomènes nécessitent un esprit entièrement différent, non dualiste. Lorsque vous avez tendance à considérer les choses comme contraires, faites une pause et demandez-vous : ces deux éléments pourraient-ils être complémentaires ?
Pour contrer cet état d’esprit, il est important de s’engager dans la pensée critique, de considérer plusieurs perspectives et d’être ouvert à de nouvelles informations et idées. Reconnaître que les situations sont souvent plus complexes qu’elles ne le paraissent au premier abord peut conduire à une résolution de problèmes et à une prise de décision plus efficaces. De plus, cultiver un état d’esprit de croissance, qui englobe l’apprentissage et l’adaptabilité, peut aider à surmonter les limites d’une mentalité “soit/ou”.
La méthode des scénarios
La méthode des scénarios alternatifs en est une amplement utilisée dans la gestion des risques, de même que dans l’analyse des futurs possibles. Puisque le dilemme ne se solutionne pas en décidant entre ceci ou cela, la méthode des scénarios ou de l’analyse des possibilités est tout à fait prescrite afin de faire un remu-méninges efficace des solutions possibles afin de bien mettre en évidence les pour et les contre de chacune.
Une méthode simple consiste à : (1) identifier le dilemme (2) identifier les objectifs recherchés (3) identifier les biais cognitifs, opinions et convictions faisant obstacles à l’accomplissement des objectifs et enfin (4) faire une liste et analyse des solutions possibles incluant que les deux plutôt que l’une ou l’autre est possible.
En conclusion
Une mentalité n’est pas fixe, bien qu’elle nous apparaisse incontournable à première vue, ou plutôt à la première réaction. En bref, on peut toujours se rappeler que :
État d’esprit dualiste (soit/ou) : cet état d’esprit a tendance à considérer les options comme mutuellement exclusives, croyant souvent qu’il n’y a que deux choix distincts et qu’il faut en choisir un plutôt que l’autre.
État d’esprit inclusif (à la fois/et) : cet état d’esprit embrasse l’idée que plusieurs options ou perspectives peuvent coexister ou être intégrées. Il est plus ouvert à l’examen d’un éventail plus large de possibilités, même si elles semblent contradictoires à première vue.
L’utilisation de cette distinction permet de souligner le contraste entre une approche binaire rigide et une approche plus flexible et ouverte de la résolution de problèmes et de la prise de décision.
Enfin, il est important de se demander si nous pouvons tenir deux concepts apparemment opposés en même temps tout en demeurant fonctionnels ? Pouvons-nous réussir et croître dans le présent tout en anticipant et travaillant pour s’assurer un futur ?
À votre futur!